1974, le triomphe du fair-play

Au départ des 24 Heures du Mans 1974, Matra aligne quatre voitures afin de viser une troisième victoire consécutive.

Face au constructeur français, seul Mirage semble en mesure de rivaliser tandis que tout le monde observe avec attention la Porsche 911 Turbo RSR. Il s’agit d’une 911 de route tellement modifiée que Porsche est obligée de l’engager en catégorie prototype. C’est la première voiture à prendre le départ des 24 Heures du Mans avec un moteur turbocompressé, une technologie que Porsche a utilisée depuis 1972 sur les 917 engagées dans le championnat américain CanAm.

Dès le départ, la Matra pilotée par Gérard Larrousse et Henri Pescarolo prend la première place après avoir signé le meilleur temps des essais. Elle caracolera en tête de la course jusqu’au dimanche matin quand elle rentre aux stands avec des soucis de boîte de vitesses.

A ce moment, son avance est telle sur la Porsche 911 Turbo RSR qui occupe la seconde position que la réparation doit pouvoir être exécutée sans être rattrapée.

Les mécaniciens commencent donc à démonter la boîte Porsche car la Matra est équipée d’une boîte utilisant des synchros construits par son principal concurrent sur la piste.

Lorsque la boîte est démontée et les pièces à remplacer identifiées, l’ingénieur que Porsche a délégué chez Matra pour veiller sur les boîtes a disparu.

On commence à le soupçonner de vouloir immobiliser la Matra dans son stand le temps d’offrir la victoire à Porsche quand il réapparaît les mains pleines de pièces : « Dès que j’ai vu qu’il y avait un souci de boîte, je suis allé chercher les pièces dont vous alliez avoir besoin pour vous faire gagner du temps. » Un bel exemple de fair-play !

La Matra repartira alors qu’elle n’avait plus qu’une minute d’avance sur la Porsche et Henri Pescarolo s’imposera pour la troisième année consécutive et pour la seconde fois en compagnie de Gérard Larrousse…